J’ai demandé mon chemin, je l’ai trouvé !


Nom : Henri S.
Date de retour : 30 septembre 2012Henri S
Durée de la réflexion : 1 seconde !

Originaire du Sénégal, j’y ai passé toute mon enfance jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. Ce précieux sésame -à l’époque, je n’imaginais pas à quel point ce n’était que le début 🙂 – m’a offert l’opportunité d’aller poursuivre mes études à Paris.

Une des premières anecdotes qui me vient à l’esprit lorsque je pense à mon arrivée en France c’est une discussion que j’ai eue avec un passant au sujet d’un petit train qui ressemblait beaucoup au métro, mais qui étrangement passait sur un pont en pleine ville (pour le nouvel arrivant que j’étais, le métro était forcément sous terre…) :

   Moi : Excusez-moi Monsieur. Bonjour, est-ce bien le métro ?
–   Le passant : Non, c’est l’avion ! 

D’emblée, j’ai été assez choqué par cette ville où tout le monde est toujours pressé et ne cesse de courir du matin au soir. Cependant, étonnamment, au bout de quelques semaines, je courrais, tout comme eux, sans savoir pourquoi… La France et le Sénégal sont deux pays très proches, à plusieurs niveaux, raison pour laquelle je n’ai pas été trop dépaysé par le système, les préjugés, les mentalités, les réalités de la vie que j’ai retrouvés en France. Mes expériences scolaires, humaines, professionnelles dans ces deux pays m’avait permis à ce stade d’arriver à la conclusion que le Sénégal n’était pas si différent de la France.

Après deux années passées en France, j’ai eu l’occasion d’aller passer au Canada une année au sein d’une université anglophone, dans le cadre d’un programme d’échange. Ce fut la stupéfaction ! Je me suis rendu compte qu’il existait d’autres pays, avec des systèmes totalement différents de ce que l’on retrouve en France au Sénégal, mais qui cependant fonctionnent tout aussi bien. C’est à ce moment que mes yeux se sont ouverts et que j’ai pu me rendre compte de l’importance de la diversité. J’ai côtoyé la population montréalaise et des étudiants venant de divers horizons et cultures. À ma grande surprise, ces gens assumaient leurs différences et s’acceptaient tels qu’ils étaient. C’était très intrigant pour moi parce que jusque-là, je n’avais connu que le Sénégal et la France, deux pays dans lesquels on a souvent tendance à mettre de côté nos différences, et tout ce qui nous singularise afin d’essayer de rentrer dans un « moule » pour se faire accepter par la société.

Mon passage à Montréal fut l’élément déclencheur. Pour la petite histoire -qui reste dans le même sillage que ma première anecdote 🙂 -, un jour, en pleine tempête de neige, j’ai demandé mon chemin à un passant (un montréalais cette fois), et ce dernier ne s’est pas contenté de me l’indiquer, mais a insisté pour m’accompagner jusqu’à destination. Dès lors, je suis parti du postulat que sur cette terre, il existe plusieurs pays avec des contextes différents qui influent sur la vie des populations à tous les niveaux. De même, nous sommes tous différents, et nous voyons chacun la vie à notre manière et cela dans tous les pays. Cette diversité est à mon avis une richesse qui, au niveau de chaque être humain doit être acceptée, mise en avant, et non refoulée.

De retour en France, j’ai continué mes études jusqu’à l’obtention de mon Master. La recherche de travail était très difficile étant donné le contexte de crise économique, qui se traduisait en France par d’importantes réductions d’effectifs (surtout dans le domaine dans lequel je souhaitais commencer ma carrière). Dans ce contexte, plusieurs étudiants étrangers avaient tendance à se réinscrire à l’université pour se donner le temps de trouver un emploi. Personnellement, j’avais décidé de me donner 6 mois de recherche active au bout desquels je rentrerai au Sénégal si elles s’avéraient infructueuses. Au bout de ces six mois, j’avais une proposition d’emploi au Sénégal.

Ce que je retiens à titre personnel, c’est qu’il n’y a pas que le système français qui marche. Il existe pleins d’autres pays où le système est totalement différent mais fonctionne tout aussi bien. Voyager, voir, vivre dans d’autres pays qui présentent des réalités et des contextes et mentalités divers m’a particulièrement enrichi et permis de démythifier l’occident. L’Afrique n’a rien à envier aux autres continents. Bon nombre de ses fils et filles ont eu la chance de faire de brillantes études que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde.

J’ose espérer ne pas être le seul à qui cette expérience a ouvert les yeux. Le décollage/envol de l’Afrique dont nous entendons parler un peu partout se passera notamment par l’éveil des populations et vous pouvez y contribuer. Il n’est pas souhaitable pour de jeunes africains dont l’avenir est prometteur de rester coûte que coûte dans les pays développés, surtout si cela se fait dans des conditions déplorables qui n’offrent aucune perspective. Nos pays offrent beaucoup d’opportunités qui ne demandent qu’à être saisies. Si vous n’en trouvez pas en Occident, pensez à rentrer CHEZ VOUS. Il y a tellement de choses à y faire qu’avec vos connaissances et vos expériences, vous trouverez bien votre compte et votre bonheur.

Henri S.

3 réflexions sur “J’ai demandé mon chemin, je l’ai trouvé !

  1. Bien vu. Je suis tout à fait d’accord avec toi. L’Afrique est une mine d’opportunités où tout est à faire. Nous qui avons eu la chance de voir d’autres pays et d’autres modes de fonctionnement avons le devoir de faire des choses chez nous. Nous devons nous inscrire dans un modèle nouveau qui consiste à prendre ce qui a de bon en occident et le transposer chez nous en tenant compte des réalités du terrain. Ce n’est pas simple mais nous avons beaucoup de chance de nous trouver dans cette époque. C’est la crise en occident et les investissements vont vers l’Afrique. La classe moyenne émerge. Les nouvelles technologies sont portée de main avec le mobile et l’internet. Les populations sont prêtes à consommer. C’est le moment de rentrer chez nous mes frères.

  2. Excellent témoignage. le plus important est de pouvoir détecter cet élément déclencheur.

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